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Les chapitres
Villes moyennes / Villes médianes
Villes moyennes / Villes médianes
L'appellation de ville moyenne correspond à une définition statistique pouvant faire intervenir plusieurs seuils suivant les références retenues par les chercheurs.
La population. Selon les auteurs la ville moyenne commence à partir de 20, 30 ou 50.000 habitants et elle s'achève à 100.000.
Certains introduisent également la notion de population agglomérée, incluant la ville et les communes périphériques.
D'ailleurs la population fait volontiers l'amalgame entre le territoire et la ville, puisque 34% des habitants de ville moyenne interrogés déclarent vivre à la campagne. (Sondage Kandar Potloc pour la fabrique de la cité)
Il existe également une vision composite, mêlant emploi et population, qui définit la ville moyenne comme une aire comprenant plus de 5.000 emplois et moins de 150.000 habitants.
Une approche associative : Si on se réfère aux associations d'élus, comme "Villes de France", elle accepte en son sein, les communes entre 15 et 100.000 habitants.
L'optique gouvernementale, à travers son programme "Coeur de ville", lancé en 2017. Cette action pilotée par l'Agence Nationale de la cohésion du territoire avec à sa direction le préfet Rollon Mouchel-Blaisot concerne 222 villes moyennes. Il a pour but d'aider les communes à redynamiser les centres villes par plusieurs axes.
Une vision subjective, voir littéraire, comme l'auteur Aurélien Belanger, qui définit les villes moyennes, comme des lieux dont on connait le nom, mais qu'on ne sait pas poser précisément sur la carte.
Une vision cinématographie a figé les villes moyennes à la fin des trente glorieuses. Les films de Claude Chabrol dépeignent avec cruauté les drames qui se nouent dans l'univers sans vague de la bourgeoisie de province. Claude Sautet, lui fait voyager des citadins comme Vincent, François, Paul et les autres dans l'univers campagnard où ils ne font que passer le temps d'un dimanche. Suivront des films emblématiques comme Le bonheur est dans le pré, qui exalte la joie de vivre à la campagne, ou des films décrivant le déclin des villes industrielles, mais le cinéma contemporain ne semble pas s'intéresser aux villes moyennes qui sont pourtant le quotidien de plus de 40% des Français.
Pourtant toutes ces villes composent la carte mentale des Français. Elles sont évocatrices de spécialités culinaires comme Bayonne, Montélimar, Cambrai… De vin comme Cahors ; D'architecture comme Carcassonne et ses fameux remparts. Pour beaucoup, elles évoquent la route des vacances, les souvenirs en famille. C'est pourquoi une vision purement statistique de la ville moyenne serait très réductrice.
La ville médiane.
La moyenne nous cantonne à une approche mathématique et nous enferme dans une vision "moyenne", c'est-à-dire incapable d'excellence. La médiane, enrichit cette notion mathématique en introduisant une conception géométrique. La médiane est un trait d'union entre deux univers, comme le sommet d'un triangle isocèle et sa base. C'est pour faire ressortir cette idée que Denis Thuriot a choisi la dénomination de ville médiane, plutôt que celle de ville moyenne.
Ce trait d'union que représente la médiane est essentiel à appréhender si on veut comprendre la ville médiane.
Proximité.
Elle est d'abord humaine. Les gens se reconnaissent, même s’ils ne se connaissent pas. Ils ont souvent un lien. Ils sont allés à l'école ensemble, leurs enfants fréquentent le même club sportif, ils travaillent dans la même entreprise, ils font partie du Lions ou du Rotary… Les signes de reconnaissance sont nombreux et favorisent les échanges humains.
La proximité est aussi géographique. Dans une ville médiane, on est proche de tout ou on n’est loin de rien selon l'approche de chacun. Cette "ville 5minutes" comme l'appelle Alain Bourcier dans le film est apaisante. Elle ne connait pas le stress des méga-embouteillages qui embolisent les métropoles. Cette absence de temps perdu dans les transhumances quotidiennes, c'est autant de temps retrouvé pour profiter de son jardin, de sa famille, de ses loisirs.
Enfin, la proximité est sécurisante. A Paris, il n'est pas rare de ne pas connaitre ses voisins, donc de ne pas s'en soucier. Dans une ville médiane, c'est quasi-impossible. Le sentiment fort d'appartenance à un groupe rend la solidarité plus naturelle et plus facile à organiser pour les autorités. Ce que les intellectuels appellent la société du Care est tout simplement la normalité en province.
Un art de vivre
A travers ces quelques pages, vous aurez compris que l'approche statistique via un déterminant géographique, démographique ou économique est très réductrice. Elle ne suffit pas à décrire la ville médiane, qui se caractérise avant tout par un art de vivre, un rapport différent au temps et aux gens. Il ne s'agit pas de dépeindre un monde idyllique, qui ne serait pas conforme à la réalité, mais de faire ressortir ce qui fait l'identité commune de l'ensemble de ces villes qui constituent l'ossature de la France, voire de nombreux pays.
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