France / Sous-France / Souffrance

Il y a une France fantasmée, entretenue par la pub. L'image de la place du marché avec ses commerçants heureux sous un doux soleil de printemps : La pub St-Moret ! La réalité est parfois toute autre, mais qu'importe, l'imaginaire aime se réfugier dans cette France d'avant. Une France "authentique", proche de son terroir et des hommes.
Oui c'était mieux avant. Mais avant a-t-il existé ?
Dans certaines villes, les mutations socio-économiques ont définitivement eu raison de cette France carte postale. La hiérarchisation du territoire a souvent abouti à la création d'une nation à plusieurs vitesses.
En France, douze métropoles captent 50% de l'emploi et Paris en concentre 22% à lui seul. La désindustrialisation, les délocalisations successives et la rationalisation des services publics ont remodelé le paysage de l'emploi. C'est dans ce marché ultra-compétitif, que des centaines de villes médianes essaient de tirer leur épingle du jeu. Autrefois, les habitants étaient fiers de leur ville qui rayonnait sur le territoire. Ils avaient confiance en l'avenir de leur lieu de vie. Aujourd'hui, ils ont du mal à se projeter, car ils sentent bien que le futur de leur ville est précaire. Ils sont confortés dans leur opinion par les centres villes qui se meurent. La multiplication des locaux vides dans les centres historiques, ne fait que souligner l'image de ville fantôme. Cette perte de foi est préjudiciable au développement économique. Comment en effet attirer les forces créatrices, quand on n'a pas confiance ? Comment convaincre des investisseurs, si on n'a que des doutes à leur offrir ? Comment retenir les jeunes, si on n'a pas d'avenir à leur proposer ?
Les gens sont les premiers ambassadeurs et consommateurs de leur ville. C'est grâce à eux que les dynamiques se créent. Comment convaincre les autres si eux-mêmes colportent l'idée que la ville est en déclin et qu'il n'y a rien à faire. Le premier pas vers la reconquête économique est la restauration de la fierté. Le second sera le changement de leurs habitudes de consommation.

Se battre pour exister
La taille, n'est pas le seul critère pour attirer les talents. Le dynamisme séduit. Rien de pire qu'une ville où il ne se passe rien. Il faut se battre pour se repositionner sur la carte. Ce peut être la carte culturelle avec la création d'un festival. Ce peut-être la carte de la météo, quand le présentateur dit que demain, il fera quinze degrés à Nevers. Il existe de nombreux leviers de marketing territorial pour faire parler de sa ville et redonner à ses habitants la fierté de revendiquer à nouveau l'appartenance à leur territoire, ainsi que le sentiment d'être un acteur qui compte dans l'hexagone.

S'inscrire dans le futur
Les villes moyennes bénéficient d'une image positive. On vante leur style de vie, voire leur art de vivre : Apaisé, non stressé, convivial. Ces notions font rêver mais n'attirent pas les talents, qui traduisent apaisé par endormi. Il faut faire valoir les atouts de la vie provinciale, tout en luttant contre le cliché d'une vie plan-plan, linéaire et sans intérêt. Pour cela, il est indispensable d'inscrire la ville dans la modernité en faisant évoluer les concepts.
Ainsi :
- Une ville non stressée n'est pas une ville qui dort, mais un espace propice à la créativité.
- La proximité n'est pas seulement synonyme de loisirs à portée de main, mais de gains de temps dans sa vie professionnelle.
- Une vie plan-plan ou un continuum ? Le prix de l'immobilier, bien plus accessible dans les villes moyennes que dans les métropoles, permet d'envisager des parcours de vie sans avoir à s'éloigner de ses racines.
Relever la tête. Se battre pour exister à nouveau. Renouer avec la fierté passée d'un territoire, sans nostalgie. Ce sont les premières pierres indispensables qui paveront la reconquête économique.
Il est frappant de constater aujourd'hui que les villes moyennes du monde entier ont à faire face aux mêmes défis. Même aux Etats-Unis, où le "Mall" est l'équivalent de notre place de marché, les commerces souffrent et la communauté est en quête de nouveaux lieux de socialisation.
Le style de vie en ville médiane séduit. Il ne manque que l'emploi pour conquérir de nouveaux arrivants. Quelles sont les pistes ? La relocalisation à grande échelle est un fantasme. Le numérique est une piste sérieuse. Le service et l'aide à la personne sont des gisements d'emploi, mais ils doivent trouver un modèle économique viable en dehors de l'aide publique. Reste l'entrepreneuriat. Le développement d'écosystèmes autour de sociétés innovantes. A chaque territoire de faire valoir ses atouts pour attirer les pépites de demain. Le télétravail, même partiel, peut également être une partie de la réponse.

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